jeudi 13 janvier 2000

LA GROSSESSE ET L'ACCOUCHEMENT GEMELLAIRE

LA GROSSESSE ET L'ACCOUCHEMENT GEMELLAIRE

I-INTRODUCTION : La G gémellaire "GG" est une G à haut risque, en raison du risque de mortalité et de morbidité périnatale. Le caractère "à haut risque" s'applique aussi bien à la G qu'à l'accouchement. Il en existe 2 types

1-La GG dizygote: La plus fréquente, elle résulte de la fécondation de 2 ovules par 2 spermatozoïdes. Souvent associée à des antécédents familiaux de gémellité, à une multiparité et à un age maternel élevé. Le patrimoine génétique des 2 œufs est différent et les placenta et les cavités amniotiques sont séparés.

2-La GG monozygote: Moins fréquente, elle résulte de la fécondation d'un ovule qui s'est divisé. Le patrimoine génétique est identique et l'ovo-implantation varie en fonction du stade de division.

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Si la division se fait au stade de Morula (⅓ des cas), il y aura un placenta bichorial et bi-amniotique.
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Si la division se fait au stade de Blastocyte, il y aura un placenta monochorial et bi-amniotique.
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Si la division se fait à un stade de division très avancé (1 à 2% des cas), il y aura un placenta monochorial et mono-amniotique. Le risque malformatif est très élevé (siamois.) Les anastomoses vasculaires sont plus fréquentes dans un placenta monochorial à un stade de division avancé. Les G multiples (≥ 3) sont exceptionnelles. Le risque de G gémellaire va de paire avec l'utilisation de plus en plus fréquente des

inducteurs de l'ovulation et des techniques de fécondation in vitro.

II-PHYSIOLOGIE MATERNELLE AU COURS D'UNE GROSSESSE GÉMELLAIRE : Les modifications maternelles sont exagérées en cas de gémellité avec

Au niveau cardiovasculaire, une élévation du travail et du débit cardiaque.
Au niveau respiratoire, une augmentation de la consommation en O2 destiné à l'unité fœto-placentaire.
Au niveau rénale, une augmentation de la filtration glomérulaire.
Au niveau métabolique, une augmentation du métabolisme du glucose sans risque accrue de diabète gestationnel par rapport à une G mono-fœtale mais avec une prise pondérale plus importante (rétention hydro-sodée.)
Au niveau sanguin, une augmentation du risque d'anémie, qui doit être systématiquement corrigée (apport de fer.)

III-DIAGNOSTIC POSITIF D'UNE GROSSESSE GÉMELLAIRE :

ORIENTATION CLINIQUE:

A-L'ANAMNÈSE: Recherche 1-Les antécédents familiaux de gémellité. 2-La notion de G après PMA.

B-L'EXAMEN CLINIQUE: L'examen au 1er trimestre est pauvre et ne retrouve que 1-Des signes sympathiques exagérés.

L'examen au 3e trimestre est plus riche de renseignements avec 2-Hauteur utérine excessive. 3-Perception de 2 foyers cardiaques à l'auscultation.

DIAGNOSTIC PARACLINIQUE:

1. Echographie: Elle permet de

1) Poser le diagnostic.

2) Préciser la chorionicité.

3) Suspecter le type de zygotie.

IV-PRISE EN CHARGE ET MESURES PRÉVENTIVES DANS UNE GROSSESSE GÉMELLAIRE :

Etablir un diagnostic précoce, pour instaurer rapidement une surveillance prénatale attentive, destinée à limiter le risque de prématurité et d'hypotrophie.
Restriction de l'activité physique maternelle, ce qui n'est pas synonyme de repos strict au lit.
Préconiser des visites hebdomadaires à domicile de sages-femmes à partir de 20 SA.
Hospitalisation en cas de complications.
Cerclage prophylactique en cas d'anomalies du col (béance.)
Tocolytiques, uniquement en cas de menace (risque d'OAP) de type Salbutamol, Progestérone et β mimétiques (pendant une 20aine de mn, à partir de la 20e SA correspondant au développement des récepteurs utérins de β mimétiques.)

V-COMPLICATIONS ET TRAITEMENTS D'UNE GROSSESSE GÉMELLAIRE : 1) L'accouchement prématuré: Complications la plus fréquente. Traitement:

β mimétiques, en cas d'épisode aigu de menace, pour une courte durée (risque d'intolérance hémodynamique.)
Anti-prostaglandines, en cas d'hydramnios, type Indométacine: Indocid® (bloque la formation de PG homogènes.)
Corticoïdes, souvent utilisés pour l'acquisition de la maturation pulmonaire. 2) L'hypotrophie fœtale: 1e cause de mortalité in-utero après 32 SA et 2e cause de morbidité fœtale. Elle est due à l'HTA, aux malformations fœtales et au syndrome transfuseur – transfusé. 3) L'HTA maternelle: Complication fréquente. Le bilan, le traitement et les modalités obstétricales sont comparables à ceux d'une G mono-fœtale.
4) Le syndrome transfuseur – transfusé aigu et chronique: Fait intervenir les anastomoses vasculaires monozygotes. Le pronostic dépend de la date de survenue du syndrome. Traitement:
Photocoagulation au laser, pour les anastomoses in-utero superficielles (profondes inaccessibles.) 5) L'hydramnios aigu: Complication fréquente, survenant après 24 SA. 6) La mort in-utero des jumeaux: Complication fréquente, survenant dans 2% des GG dizygotes et dans 7% de GG monozygotes. Elle est due à l'HTA, aux malformations fœtales et au syndrome transfuseur – transfusé. 7) Les malformations fœtales: Elles ont une forte prévalence et surviennent dans 8 à 10% des GG monozygotes.

I. SPÉCIFICITÉ DE L'ACCOUCHEMENT GÉMELLAIRE :

Le terme optimal de naissance est de 37 – 38 SA. Il existe cependant une grande fréquence d'accouchement prématuré.
Le pronostic néonatal des jumeaux est nettement meilleur que celui du singleton.

II. COMPLICATIONS DE L'ACCOUCHEMENT GÉMELLAIRE :

Complications non-spécifiques: 1) La dystocie dynamique. 2) La procidence du cordon. 3) Le placenta prævia. 4) L'hémorragie de la délivrance.
Complications spécifiques: 5) La dystocie gémellaire (accrochage des 2 jumeaux.) 6) Les accidents funiculaires (enroulement des 2 cordons.) 7) Les siamois (jumeaux conjoints.)

III. CONDUITE A TENIR DEVANT UN ACCOUCHEMENT GÉMELLAIRE : Choix du mode d'accouchement 1 Césarienne prophylactique Indication absolue, devant � Un jumeau 1 "J1" en transverse. � Une dystocie osseuse. � Un placenta prævia. � Un obstacle prævia. � Une GG mono-amniotique. � Un retard de croissance intra-utérin. Indication relative, devant � Un J1 en siège. � Un utérus cicatriciel.

� Une pathologie maternelle associée.

2 Voie basse

Déclenchement du travail, 1 Sous ordre médical et obstétrical. 2 Amniotomie, ou Perfusion de Syntocinon®, sous control topographique, Score de Bishop > 6.
Analgésie obstétricale, par péridurale.
Voie veineuse périphérique.
Surveillance du travail par 1 Monitorage obstétrical. 2 Echographie. 3 ERCF. 4 Présence d'un obstétricien, anesthésiste-réanimateur et d'un pédiatre-néonatologue.
Accouchement de J1, identique à une G mono-fœtale, le forceps est souvent utilisé.
Accouchement de J2, l'attitude obstétricale doit être activé sans intervalle 1 Clampage du cordon de J1. 2 Réduction de la perfusion de Syntocinon® pour éviter l'hypertonie utérine.
En cas de présentation longitudinale 3 Maintient de la position gynécologique, par un aide. 4 Reprise de la perfusion de Syntocinon®. 5 Amniotomie. 6 Engagement et poursuite de l'accouchement dans la plupart des cas.

� En cas de présentation transverse ou oblique 3 Version par manœuvre interne "VMI" 4 Extraction du siège.

Délivrance (risque hémorragique) 1 Délivrance dirigée 2 Maintient de la perfusion de Syntocinon® pour éviter l'inertie secondaire.
Prise en charge des n-nés, dans une unité pédiatrique en vue d'une réanimation éventuelle, vue la fréquence d'hypotrophie, de détresse respiratoire, d'ictère nucléaire et d'anémie.
Suite de couches, 1 Encourager l'allaitement. 2 Traiter l'anémie.

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