samedi 15 janvier 2000

LA CONJONCTIVITE - COURS: OPHTALMOLOGIE

LA CONJONCTIVITE

I-DÉFINITION : La conjonctivite est l'inflammation de la muqueuse conjonctivale, diffuse ou localisée, très fréquente et d'expression clinique polymorphe.

II-DIAGNOSTIC POSITIF
La conjonctivite est d'expression polymorphe. Le diagnostic positif est clinique:
L'interrogatoire: Retrouve des signes fonctionnels mineurs dans la forme non-compliquée avec
1-Gêne oculaire (sensation de chaleur, démangeaison, picotement) rapidement majorée en sensation de grains de sable ou de cuisson, parfois prurit majeur au 1er plan voir douleurs, souvent modérées, dont la majoration fait craindre une complication cornéenne.
2-Photophobie.
3-Epiphora (larmoiement.)
L'examen à la lampe à fente: Révèle un syndrome conjonctival associant plusieurs des signes suivants 
4-Une hypersécrétion, muqueuse, purulente ou muco-purulente, plus rarement des fausses-membranes. 
5-Une hyperhémie conjonctivale (par vasodilatation des vaisseaux conjonctivaux) rapidement réduite par les
vasoconstricteurs locaux.
6-Un chémosis (œdème conjonctival), plus marqué sur la conjonctive bulbaire.
7-Des papilles (petits bourgeons réguliers, charnus et centrés d'un bouquet vasculaire s'épanouissant à leur sommet,
témoignant d'une hyperplasie conjonctivale prolongée.)
8-Des follicules (nodules hémisphériques saillants sous l'épithélium conjonctival, translucides, au centre avasculaire et à la périphérie vascularisée, traduisant une hyperplasie des follicules lymphoïdes.)
9-Des suffusions hémorragiques, sous l'épithélium conjonctival palpébral.
10-Des érosions conjonctivales (par rupture des phlyctènes), souvent recouvertes d'un exsudat fibrineux.
L'examen clinique: révèle des signes extra et péri-orbitaires type 
11-Une atteinte palpébrale (gonflement, pseudo-ptosis, érythème du bord libre.) 
12-Une adénopathie pré-tragienne.

III-DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL :
1) Les fausses-conjonctivites: Donnant les mêmes signes fonctionnels, sans aucun signe subjectif, type
1-L'amétropie.
2-L'hétérophorie.
3-L'insuffisance de convergence.
4-L'asthénopie accommodative.
2) La conjonctivite de l'œil sec: Associe les mêmes signes fonctionnels avec une sécheresse oculaire, confirmée par le test de Schirmer ou celui au Rose Bengale.
3) La réaction conjonctivale à un corps étranger palpébral: Imposant le retournement des paupières.
4) L'hémorragie sous-conjonctivale.
5) L'épisclérite: Donnant une rougeur très sombre, non-influencée par les vasoconstricteurs avec douleurs et nodule d'épisclérite.
6) La kératite.
7) L'uvéite.
8) Le GPFA: Ces 3 affection donnant une douleur importante avec baisse de l'acuité visuelle et cercle péri-kératique.
9) La dacryocystite: Impose la révision des voies lacrymales.


IV-DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE :
LA CONJONCTIVITE BACTÉRIENNE: Orientée par
La clinique
1-Sécrétions purulentes jaune-verdâtres abondante + œdème palpébrale ≈ Origine bactérienne. 
2-Conjonctivite unilatérale + volumineux follicules et papilles sur la conjonctive palpébrale supérieure + volumineuse adénopathie pré-tragienne ≈ Origine bactérienne.
3-Fausses-membranes ≈ Diphtérie. 4-Conjonctivite chronique traînante et prédominante aux angles ≈ Moraxella.
Le terrain:
  1. Conjonctivite du nouveau-né, bilatérale débutant 3 à 5 jours après la naissance ≈ Gonocoque (risque de complications cornéennes graves.)
  2. Conjonctivite du nouveau-né, bilatérale mais tardive et d'évolution bénigne ≈ Chlamydia.
La géographie
1-Bassin méditerranéen ≈ Trachome. 
2-Europe ≈ Pneumocoque ou Staphylocoque.

Le contexte:
  1. Conjonctivite unilatérale purulente + blennorragie ≈ Gonococcie.
  2. Conjonctivite bilatérale modérée chez un sujet jeune + urétrite aseptique + arthralgies ≈ Chlamydia.
  3. Impétigo palpébrale + orgelet + blépharite + furonculose = Ornithose à psittacose ≈ Chlamydia.

LA CONJONCTIVITE VIRALE: Orientée par 
L'Epidémiologie: Notions de contage et d'épidémie (+++)
La clinique:
  1. Conjonctivite folliculaire aiguë ou sub-aiguë, parfois purement papillaire voir hyperhémie simple ≈ Origine virale.
  2. Signes fonctionnels modérés avec sécrétions peu abondantes ≈ Origine virale.
  3. Ulcération conjonctivale ≈ Herpès ou Zona. 4. Conjonctivite unilatérale ≈ Herpès.
  4. Conjonctivite bilatérale ≈ Adénovirus.
L'évolution: Evolution bénigne avec régression spontanée en quelques jours ou semaines sans séquelles.

Les signes associés et les complications:
Locales:
  1. Atteinte cornéenne.
  2. Adénopathie pré-tragienne peu volumineuse, mobile et indolore.
  3. Molluscum contagiosum ou verrue palpébrale.
Générales: 1-Notion de maladie éruptive. 3-Notion d'un syndrome grippal ≈ Adénovirus ou Virus grippal4-Pustule vaccinale ≈ Poxvirus.

LA CONJONCTIVITE ALLERGIQUE: Orientée par
Le contexte:
  1. Notion d'atopie familiale.
  2. Notion de contact avec un allergène.
La clinique:
4. Vésicule herpétique palpébrale.
2-Notion d'immunodépression ≈ CMV. ou Rhinovirus.
  1. Caractère saisonnier de l'atteinte.
  2. Notion de port de lentilles de contact.
1-Conjonctivite bilatérale + prurit intense + épiphora + chémosis + photophobie ≈ Origine allergique. 2-Nombreuses papilles sur la conjonctive palpébrale supérieure ≈ Origine allergique. 3-Richesse des signes fonctionnels avec pauvreté des signes physiques ≈ Origine allergique.
L'évolution:
1. Evolution chronique et récidivante ≈ Origine allergique.

AUTRES CONJONCTIVITES:
1 Kérato-conjonctivite phlycténulaire: Essentiellement tuberculeuse. 
2 Conjonctivite printanière.


V-ÉVOLUTION – COMPLICATIONS : L'évolution est le plus souvent favorable et la guérison complète et définitive est ± rapide, selon le terrain et l'agent responsable. La bilatéralisation, ainsi que les complications sont possibles type
  1. Surinfection conjonctivale.
  2. Séquelles conjonctivales: Rares en dehors du Trachome.
4. Atteinte cornéenne: Type 
1) Kératite ponctuée superficielle "KPS": La plus fréquente, d'évolution souvent favorable. 
2) Kératite dendritique herpétique: Favorisée par l'instillation de Corticoïdes. 
3) Kératite sous-épithéliale: Donne des infiltrats sous-épithéliaux blanchâtres, régressant lentement sans séquelles. 
4) Voile vasculaire limbique
5) Abcès des lames.
  1. Atteinte de l'uvée: Uvéite.
  2. Atteinte cutanée: Type: 1) Eczéma. 2) Ectropion. 3) Ulcération cutanée.

VI-TRAITEMENT : Le traitement d'une conjonctivite isolée est médical local.
Suppression de l'agent causal
ª En cas de conjonctivite bactérienne: 1 Collyres antibiotiques, type Chibroxine®, Gentamycine®, Rifamycine®, Tobrex®… 2 Hygiène oculaire
1) Nettoyage des paupières.
2) Lavage des croûtes et sécrétions.
3) Port d'un pansement.
ª En cas de conjonctivite virale: 1 Collyres antiseptiques, type Vitabact®, Biocidan®… 2 Parfois, Collyres antiviraux, type Zovirax®, Virgan®
1 Suppression de l'allergène si possible.
2 Antihistaminiques locaux, type Naaxia®, Opticron®, Lévophta®

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