mardi 4 janvier 2000

Cours Infectiologie Leptospirose

Leptospirose

I- EPIDEMIOLOGIE :

A- Etude du germe : Le ‘Leptospira’ est un spirochète. La disposition des Leptospires est hélicoïdale, de taille très petite nécessitant pour les voir un microscope à fond noir. Ils sont mobiles avec une rotation autour de l’axe dans un mouvement de translation ou de forage. Cette mobilité permet de les reconnaître. Ils doivent de ce fait être examinés à l’état frais.

Il existe 2 espèces de Leptospires : 
-L’une pathogène ; C’est le ‘Leptospira interrogans’. 
-L’autre saprophyte, aquicole ; C’est le ‘Leptospira biflexa’. 

Il existe plus de 180 sérotypes et 25 sérogroupes pour les formes pathogènes. 
B-Survie du germe : 

1- Chez les animaux réservoirs : Tout les sérotypes infectants les animaux sont pathogènes pour l’homme. Il n’y a pas de spécificité entre animal et le sérotype donné. La liste des animaux réservoirs est inépuisable et leur distribution universelle. Parmi les animaux sauvages, les mammifères tiennent la tête de liste. L’ordre des rongeurs joue un rôle important et le rat a une place essentielle. Puis viennent ensuite les souris, campagnols, gerbilles, écureuils, lapins, lièvres…etc. Les insectivores comme le hérisson et la taupe, les carnivores tels les chiens sauvages et les renards, les marsupiaux comme le bandicoot, les artiodactyles comme le daim et le cerf et les cheirophères comme la chauve-souris sont aussi des porteurs de germes.

Les animaux domestiques les plus touchés sont les bovidés, les suidés, les équidés et les canidés. Evidemment, l’importance épidémiologique de ces différentes espèces animales est très inégale.

2- Dans la nature et l’eau : Le Leptospire survie dans tous les lieux où l’eau passe et stagne (marais, vases, boues, égouts, étables, porcheries, lacs…etc.) Les conditions favorables sont :

- Température supérieure ou égale à 19-20°c.

- Forte hygrométrie. 
-pH neutre ou légèrement alcalin. 

C- Contamination humaine : Les leptospiroses peuvent survenir par cas sporadiques ou petites épidémies. Le rôle de l’eau et des animaux se complète mutuellement ; Les urines d’animaux souillent l’eau au contact de laquelle l’homme ou d’autres animaux réceptifs se contaminent. Les circonstances de contaminationles plus habituelles sont : La baignade, le travail agricole, les grandes catastrophes ainsi que certaines professions exposées telles qu’éboueur, vétérinaire, éleveur…etc.

La transmission à l’homme peut être directe, assez rare par morsure ou léchage par un animal infecté, ou indirecte, plus fréquente, par l’intermédiaire de l’eau souillée. La pénétration est muqueuse (nasale, buccale ou conjonctivale) ou cutanée (à travers les érosions, les excoriations ou

l’abrasion cutanée.) Les leptospiroses frappent les 2 sexes, à tout age et en toutes saisons surtout dans la saison chaude. Ce sont des anthropozoonoses à déclaration obligatoire.

II-CLINIQUE : Dans sa forme grave, la leptospirose est une hépato-néphrite avec réaction méningée et rechute fébrile classique. Elle comporte 2 phases : A-La phase pré-ictérique :

L’incubation est généralement asymptomatique et dure de 6 à 12 jours en moyenne.

Le début est brutal marqué par un syndrome infectieux avec
-Frissons
-Ascension thermique à 40°c. 
-Malaise général important. 
-Céphalées.

- Et souvent nausées et vomissements.

∗ Le tableau septicémique se constitue rapidement avec -Un syndrome infectieux sévère. -Myalgies diffuses et mal supportées, spontanées ou provoquées et dominant essentiellement au niveau des

mollets, des cuisses et des lombes.

- Des arthralgies observées de façon inconstante.

- Et une épistaxis unique ou répétée. 
L’examen clinique révèle un syndrome cutanéo-muqueux fait

-D’un rash scarlatiniforme ou morbiliforme pouvant parfois faire errer le diagnostic. 
-Et surtout des troubles vasomoteurs à type d’injection conjonctivale bilatérale et parfois un herpès naso-labiale
-La splénomégalie est inconstante. 

- L’hépatomégalie discrète. 

∗ Le syndrome méningé est plus ou moins franc mais les modifications du LCR sont généralement constantes avec -Une hypercytose panachée puis à Lymphocytes.

- Une hyperalbuminorachie n’excédant généralement pas 1g/l.

- Les chlorure et le glucose sont normaux.

∗ De même, l’atteinte rénale biologique est à ce stade quasi-constante avec
-Hyperazotémie pouvant atteindre 1g/l. 
-Une albuminurie modérée. 
-Et une urobilinurie. 

B- La phase ictérique : A ce stade, le tableau clinique devient évocateur.

∗ L’ictère d’abord conjonctival se généralise en 2 ou 3 jours et devient intense, flamboyant, rouge-orangé en raison de

la vasodilatation associée. Cet ictère s’accompagne
-d’urines foncées contenant des pigments et des sels biliaires, 
-de selles de coloration normale ou pliochromique 

- et exceptionnellement de prurit et de bradycardie
A l‘examen, le foie est légèrement augmenté de volume et sensible. La rate est normale.

La température commence à baisser 2 à 3 jours après le début de l’ictère et descend pour se normaliser au 10e jour.

Le syndrome rénal se traduit par une oligurie importante.

Le syndrome méningé s’accentue en général lors des 1ers jours de l’ictère.

Le syndrome hémorragique, bien que discret, prend une valeur diagnostique très grande 
-Epistaxis
-Gingivorragies
-Pétéchies discrètes. 

- Hémorragies sous-conjonctivales.

Généralement, le diagnostic est envisagé devant l’association des 5 syndromes : Infectieux, ictérique, méningé, hémorragique et rénale et après les examens biologiques du sang (anémie modérée, hyperleucocytose ou hyperpolynucléose neutrophile, hyperbilirubinémie, hypoprothrombinémie modérée.), Du LCR (Hypercytose panachée puis à Lymphocytes, hyperalbuminorachie, normoglycorachie et normochlorurorachie.) Et des urines (Albuminurie modérée et hyperazotémie croissante.)

Dès que la température revient à la normale, les myalgies s’atténuent, les signes méningés régressent et l’ictère tend à diminuer. Seuls les signes rénaux persistent.

La rechute apparaît au 15e jour en dehors du traitement. Elle intéresse la température qui peut rester isolée ou parfois s’accompagner d’une recrudescence des douleurs, des signes méningés et plus rarement des signes généraux. Cependant, elle épargne généralement l’ictère.

La défervescence se fait entre le 21e et le 25e jours. La convalescence peut être longue. La guérison est complète en règle et sans séquelles. L’immunité est solide.

III-FORMES CLINIQUES : A-Les formes ictériques : 1-Les formes graves :

  • Ictère grave spirochétosique : Caractérisée par la sévérité du syndrome infectieux, de l’ictère, des hémorragies et surtout du syndrome rénal.

  • Formes hypermalignes.

  • Formes hémorragiques.

  • Formes avec insuffisance hépatique
    2-Les formes atténuées : 

  • Ictère catarrhal ou bénin. 
    B-Les formes anictériques : 

  • Formes méningées : De loin les plus fréquentes. Elles peuvent s’associer ou non à une atteinte sub-ictérique, rénale, encéphalitique…etc.

IV- TRAITEMENT :

Traitement symptomatique : Vise à parer à un déséquilibre hydro-électrolytique, à une décompensation métabolique ou à la défaillance grave d’un organe ou d’une fonction vitale. Ainsi, il peut faire appel à une transfusion sanguine en urgence, à une ou à plusieurs séances d’hémodialyse…etc.

Traitement étiologique : Repose sur la pénicillothérapie pendant 10 à 15 jours. Ex : Pour un adulte, de la Pénicilline G à la dose de 6-10MU/jour selon la gravité en perfusion ou en IM. En cas d’allergie et en absence de contre-indications, on donne de la Doxycycline.

Prévention : Elle fait appel, notamment chez le sujet exerçant une profession exposée, à des mesures de protection corporelle et à la vaccination très ciblée lorsqu’on connaît les sérogroupes les plus fréquents responsables de formes graves.

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