vendredi 7 janvier 2000

INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUE IRC

L'INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE

I-DÉFINITION :

L'insuffisance rénale chronique "IRC" est l'ensemble de signes cliniques, biologiques et radiologiques traduisant la destruction progressive de plus de 70% du capital néphronique, en rapport avec l'accumulation d'une part de produits toxiques (urée, créatinine, acide urique, produits acides tel les ions H+ et l'acide lactique) et d'autre part avec la perturbation des mécanismes régulateurs du milieu intérieur (équilibre hydro-électrolytique et acido-basique, fonction endocrine du rein.)

L'expression de l'IRC est polymorphe et est fonction du déficit de la filtration glomérulaire.

II-DIAGNOSTIC CLINIQUE :

n Signes généraux, de type
1-Altération de l'état général. 2-Asthénie avec fatigabilité.
3-Amaigrissement.
4-Troubles du comportement (apathie, torpeur physique et intellectuelle, somnolence, agitation avec délire, coma.)

o Signes cutanés, de type
1-Anomalie du teint, d'abord pâle, puis terreux (par hyperpigmentation.)
2-Syndrome hémorragique avec purpura et ecchymoses.
3-Peau sèche (par dépôts sous-cutané givré d'urée.)
4-Prurit avec lésions de grattage (par dépôts d'urée et de phosphate de Ca.)
5-Œdèmes, parfois généralisés (par rétention hydro-sodée), ou déshydratation.

p Signes hématologiques, de type
1-Anémie d'abord normochrome normocytaire arégénérative, puis hypochrome microcytaire (par hémorragies.)
2-Troubles de l'hémostase avec tendance hémorragique (par allongement du temps de saignement.)
3-Thrombopathies.

q Signes pleuro-pulmonaires, de type
1-Respiration de Kussmaul (par acidose.) 2-OAP avec orthopnée, toux et expectoration.
3-Epanchement pleural. 4-Pneumopathies interstitielles.

r Signes cardiovasculaires, de type
1-HTA (cause ou conséquence.) 2-HVG (cause ou conséquence.)
3-Péricardite à un stade avancé, avec douleurs rétro-sternales, frottement péricardique et des signes d'état de choc

avec hypotension sévère, voir tamponnade. 4-Troubles du rythme (par hyperkaliémie) à type d'onde T ischémique (stade 1), PR allongé et QRS élargi (S 2) et absence d'onde T avec fibrillation ventriculaire (S 3.)

s Signes digestifs, de type
1-Nausées et vomissements. 2-Troubles du transit (diarrhées ou constipation.)
3-Ulcère gastro-duodénal (par hyperacidité gastrique et stress.)
4-Parfois hémorragies digestives ou 5-Duodénite.

t Signes musculaires, de type
1-Crampes et myoclonie (par hypocalcémie avant la dialyse puis par hyponatrémie après.)

u Signes neurologiques, de type 1-Troubles de la conscience. 2-Convulsions. 3-AVC. 4-Polynévrite avec paresthésie surtout des membres inférieurs. 5-Encéphalopathie urémique (par hémorragies cérébrale, hémodilution, hypoxie, acidose et hypocalcémie.)

v Signes osseux, de type
1-Douleurs osseuses diffuses. 2-Déformations osseuses.
3-Parfois fractures. 4-Ostéodystrophie rénale à un stade avancé.

w Autres signes, de type
1-Troubles sexuels de type impuissance et infertilité chez l'♂ et aménorrhée et infertilité chez la ♀.
2-Troubles endocriniens avec T3 et T4 variables, souvent hypothyroïdie.

III-DIAGNOSTIC PARACLINIQUE : A-BIOLOGIE: ™ Sanguine:

  1. FNS: Révèle
    1-Une anémie normochrome normocytaire puis hypochrome microcytaire (par spoliation sanguine.)
    2-Hyperleucocytose si infection. 3-Hyperplaquettose et parfois thrombopathies.

  2. Bilan azoté sanguin: Révèle une rétention azoté (urée, créatinine, acide urique.)

  3. Ionogramme sanguin: Révèle 1-Une natrémie variable, souvent basse. 2-Une chlorémie normale ou basse si atteinte glomérulaire, et élevée si atteinte tubulaire. 3-Une hyperkaliémie, se voit à un stade avancé, c'est une urgence médicale. 4-Hypocalcémie (par défaut de réabsorption, déficit en vitamine D.)5-Hyperphosphorémie (par défaut d'élimination.) 6-Réserves alcalines basses avec acidose métabolique et PH sanguin < size="+1">(par défaut de réabsorption, de synthèse tubulaire.)

™ Urinaire:

  1. Diurèse: Longtemps conservée, puis oligurie voir anurie à un stade avancé.

  2. Etude des urines: Révèle 
    1-Des urines claires (par défaut de concentration), jaune-paille.
    2-Une densité urinaire < size="+1">3-Une osmolarité urinaire <>

  3. Bilan azoté urinaire: Révèle un taux d'urée et de créatinine bas.

  4. Ionogramme urinaire: Révèle une natriurèse > 50 mEq/24hrs avec un rapport Na/K > 1.

5. Clairance de la créatinine et formule de Kockroft – Gault: Permettent de préciser le degré d'IR, la 1e étant calculé en

cas de diurèse conservée et la 2e en cas d'oligurie. CCr = (U x V)/ P (CCr: clairance de la créatinine, U: créatinine urinaire, P: créatinine plasmatique, V: diurèse.) CCr = [140 – Age (année)] / [P (µmol/l) x K] (P(µmol/l): créatinine plasmatique = 8.85 x P (mg/l), K = 1 pour l'♂ et 0.32 pour la ♀)

CCr normale est de 120 ± 20 ml/mn et définit 5 degrés d'IRC

IRC débutanteIRC modéréeIRC sévèreIRC évoluéeIRC terminale
Clairance Cr60 à 100 ml/mn30 à 60 ml/mn15 à 30 ml/mn10 à 15 ml/mn<>

B-IMAGERIE:

1. ASP: Précise

  1. Le degré d'hypotrophie rénale. 2. Les lithiases.

  2. Echographie abdomino-pelvienne: Examen spécifique qui tranche entre IRA et IRC en révélant

  1. L'hypotrophie rénale. 2. Les lithiases.

  2. L'état des voies excrétrices.

  1. UIV: Contre-indication absolue. 4. Ponction – biopsie rénale: Sans intérêt.

  2. Biopsie osseuse: Révèle les lésions d'ostéodystrophie.

IV-DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE : n LES GLOMÉRULOPATHIES: Causes principales d'IRC, pouvant être

Primitives:

1. GN avec lésions glomérulaires minimes.

2. GN prolifératives mésangiales (maladie de Berger, purpura rhumatoïde, LED.)

3. GN prolifératives diffuses (extra et endo-capillaire.) 4. GN segmentaires focales.

Secondaires:

  1. GNA post-streptococcique2. GNA post-infectieuse (hépatite B, paludisme, fièvre typhoïde.)

  2. GN lupique4. Néphropathie diabétique.

LES NÉPHROPATHIES INTERSTITIELLES CHRONIQUES ou PNC: Secondaire à une malformation des voies excrétrices, un
adénome de la prostate, une cause toxique ou métabolique.
LES NÉPHROPATHIES VASCULAIRES:

1. HTA (néphro-angiosclérose hypertensive.) 2. Polyangéite nécrosante "PAN".
AUTRES:

1. Syndrome de Fanconi (tubulopathie héréditaire ou secondaire se traduisant par une glycosurie sans diabète avec phosphaturie, amino-acidurie et bicarbiturie.)

  1. Syndrome d'Alport3. Polykystose rénale.

  2. Cystinose5. Oxalose.

V-DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL : 1-L'IRA: Caractérisée par

-Une fonction rénale normale dans un présent récent.

-Absence d'anémie, d'hypocalcémie et d'hyperphosphorémie.

-Un rein de taille normale ou hypertrophié si obstacle à l'échographie.

VI-TRAITEMENT : A-Traitement symptomatique:

Diététique: 1-Régime strict sans sel en cas d'HTA ou d'œdème. 2-Ration hydrique en fonction de la sensation de soif et de la diurèse. La restriction hydrique est indiquée au stade terminal

d'IRC. Volume (cc) = 500 + diurèse. 3-Ration calorique ne dépasse pas 2.35 Cal/kg/jr 4-Ration protidique de 0.8 à 1 g/kg/jr 5-Apport potassique normal. La restriction se fait à un stade avancé avec proscription des fruits secs et frais et du chocolat,

utilisation de résines échangeuses d'ions (Kayexalate) Et à un stade plus avancé par l'épuration extra-rénale.
6-Apport alcalin vise à maintenir le taux de bicarbonate entre 20 et 24 mEq/l par la préconisation d'eau minérale alcaline.

o Traitement de l'œdème par les diurétiques de l'anse, type Furosémide avec un RSSS, voir dialyse.
p Traitement de l'HTA par les Antihypertenseurs, la posologie étant fonction du stade de l'IRC.
q Traitement de la péricardite par des séances de dialyse répétées et rapprochées sans Héparine, voir ponction (chirurgie.)
Traitement de l'anémie par une transfusion sanguine, ou mieux Erythropoïétine humaine recombinante.
Traitement de l'ostéodystrophie par

1-Substitution de Ca par du carbonate de Ca, 1 à 3 g/jr
2-Régime pauvre en phosphore avec agents complexants le phosphore.
3-Substitution de la vitamine D.

B-Traitement de suppléance: n Epuration extra-rénale, indiquée lorsque la clairance de la créatinine <>

1-L'hémodialyse: Nécessitant un abord veineux (fistule artério-veineuse.)
2-La dialyse péritonéale: Nécessitant un cathéter de Tenkhoff, elle peut être intra-péritonéale continue et ambulatoire,
intermittente ou continue cyclique.
Indications de la dialyse péritonéale:

  • Chez le patient jeune. • Chez le diabétique. • Chez l'athéromateux.

  • Selon l'état de l'abdomen. • Selon le capital veineux. • Selon les motivations du patient.

  • En attendant une greffe rénale.

C-Traitement radicalGreffe rénale, solution radicale, le rein étant prélevé sur un donneur vivant apparenté, non-apparenté ou sur cadavre.

Contre-indications:

  1. Age > 60 ans. 2. Néoplasies évolutives.

  2. Cardiopathies sévères (coarctation de l'aorte, prothèse valvulaire.) 4. Terrain athéromateux sévère.

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