mercredi 12 janvier 2000

DÉLIRES CHRONIQUES SYNDROME DÉLIRANT

LES DÉLIRES CHRONIQUES



(SYNDROMES DÉLIRANTS CHRONIQUES)


I-DÉFINITION :

Le syndrome délirant chronique "DC" définit un état délirant au long cours qui se différentie de la schizophrénie par l'absence de syndrome de dissociation et de détérioration mentale.
Il apparaît souvent aux alentours de la 40aine.

Lorsque la personnalité sous-jacente est sthénique, le délire peut occasionner des passages à l'acte pouvant conduire à des hospitalisations coercitives (forcée.)

Le délire se caractérise par:

Des thèmes:
1-La persécution: Le patient est convaincu qu'on cherche à lui porter préjudice, il se sent calomnié (qu'on lui ment), menacé et victime de machinations et d'empoisonnement. Le persécuteur emploie soit la sorcellerie, soit des moyens modernes tels le laser et les radars. Noter que les soignant sont souvent inclus dans le groupe des persécuteurs, entravant la prise en charge.
2-La possession: Alimentée par des idées de persécution, de préjudice ou d'influence. Le patient se croit sous l'influence d'un Djinn qui le possède. 3-Le mysticisme: En rapport avec un délire prophétique.

Des mécanismes: 1-Interprétation. 2-Imagination et 3-Intuition.


II-ÉPIDÉMIOLOGIE :
Les DC représentent 10% des admissions au niveau des hôpitaux psychiatriques.
De nombreux malades refusent tout traitement et vivent en conflit permanent avec leur entourage.

III-CLASSIFICATION :
Selon la CIN10, les DC sont dits "troubles délirants chroniques".
Selon le DSM4, les DC sont dits "troubles délirants".

L'école française maintient la distinction entre DC paranoïaque, psychose hallucinatoire chronique et paraphrénie.

IV-ORGANISATION DU DÉLIRE :

Le délire s'organise à partir de la rationalisation des idées délirantes, qui sont des idées subjectives et non-partagées par l'entourage, entraînant une conviction inébranlable de leur réalité. Aucune démonstration n'en modifie l'évolution.
Les mécanismes:
-L'interprétation: C'est un jugement faux porté par une perception exacte.
-L'hallucination: C'est un trouble de la perception.
-L'imagination.
-L'intuition.

La structure: Le délire s'organise en secteurs ou en réseaux.


A-LES DÉLIRES CHRONIQUES PARANOÏAQUES: Survient le plus souvent sur une personnalité paranoïaque et regroupe le
délire d'interprétation, le délire passionnel et le délire relationnel.
La personnalité paranoïaque (para: à coté et noïa: pensée) se caractérise par 4 traits
  1. L'orgueil ou l'égocentrisme (surestimation de sa propre valeur.)
  2. La méfiance (tendance à suspecter autrui, même ses amis, de manque de loyauté) avec réticence à se confier (de peur que les informations soient retenues contre lui.)
  3. La psychorigidité (refus de pardonner avec une tendance rancunière et froideur affective.)
  4. La fausseté du jugement (derrière un raisonnement logique se cachent des idées préconçues et fausses.) Le délire d'interprétation ou folie raisonnante de Sérieux et Capgras: ™ Clinique: Le début commence plusieurs années avant l'apparition du délire, autour de la 40aine, après un événement traumatisant
(conflit, échec, séparation), marqué par l'installation d'une susceptibilité avec troubles du caractère.

A partir de faits ou de sensations réelles, les idées s'organisent en réseaux.

Le délire est systématisé, avec des thèmes variés (persécutif, mystique, de grandeur ou de jalousie.) Le mécanisme prévalant demeure l'interprétation mais il peut s'y associer des hallucinations et des illusions.

Le délire va se développer et s'enrichir à partir de la réalité (mouvement de la tête d'un voisin ou d'un passant le désignant tel un salaud.)
Evolution:

Le délire peut se limiter à un secteur, permettant une vie familiale et professionnelle.
Il peut se développer par juxtaposition de nouveaux éléments s'ajoutant aux précédents.
Il peut s'aggraver par des manifestations agressives de défense (le persécuté devient à son tour persécuteur.) Les délires passionnels: Décrits en 1921 par G de Clérambault, caractérisés par un postulat initial dans lequel la passion est l'élément fondamental.

Clinique:

Le délire passionnel survient sur une personnalité paranoïaque ou émotive.

Ce sont des délires de secteurs développés à partir d'un postulat initial avec une grande participation affective et passage à l'acte. Le mécanisme est l'intuition passionnelle. ™ Formes:

1-L'érotomanie: C'est l'illusion délirante d'être aimé. Elle se rencontre le plus souvent chez les ♀ qui, à la suite d'un regard ou d'un mouvement, développent la conviction qu'on désire lui signifier qu'on l'aime. Elle passe par 3 stades

1) La phase d'espoir: Tout signe et toute parole de la personne en question vont renforcer l'intuition d'être aimé. Chaque manifestation de colère ou d'irritation de l'objet sera interprété comme de la timidité ou de la discrétion. C'est ainsi que coups de téléphone, lettres et cadeaux ne cessent de relancer l'objet.
2) La phase de dépit: Des reproches et des ressentiments commencent à apparaître mais l'espoir est toujours présent.
3) Les phase de rancune: Les menaces sont plus apparentes et le risque de passage à l'acte peut nécessiter l'hospitalisation coercitive.

2-Le délire de jalousie: Le début est brutal. La preuve de l'infidélité du conjoint va s'appuyer sur un geste ou une parole et le sujet va chercher des preuves irréfutables (fouille de sac, interrogatoires sans fin, etc.) Ces harcèlements vont parfois emmener le conjoint à avouer des faits non-réalisés. Ces aveux vont aggraver la situation avec passage à l'acte facile.

3-Les délires de revendication: Fréquents et compatibles avec une activité professionnelle. Ils sont basés sur le postulat que le sujet a subit un préjudice qu'il faut réparer à tout prix (sujets bien connus des magistrats.) Le délire peut s'installer à la suite d'un procès perdu, d'une déception ou de l'idée d'avoir réalisé une découverte scientifique.

L'évolution se fait soit par accès d'excitation ou de désespoir, le refus des soins et les multiples interventions au niveau des juges qu'ils finissent par persécuter, entraînant des mesures d'internement.
L'hospitalisation va entraîner un apaisement du délire.
Les formes cliniques sont

1) Les querelleurs possessifs: Qui se ruinent en procès interminables pour obtenir réparation.
2) Les inventeurs méconnus: Qui accusent autrui de les avoir dépossédé de leur inventions.
3) Les idéalistes passionnés: Qui élaborent des doctrines et des systèmes de réforme sociale et économiques.
4) Les hypocondriaques délirants: Qui assiégent le corps médical pour être traités puis les persécutent pour obtenir réparation pour les préjudices subits.
5) Les sinistroses délirantes: Qui se fixent, souvent après un accident de travail, sur le préjudice subit (invalidité et pension).

Le délire relationnel et sensitif de Kretschmer: Survient sur des sujets hypersensibles(hyposthéniques, paranoïa sensitive.) La décompensation survient en général parés un échec ou une frustration. L'hyposthénie relationnelle va réveiller des impressions de vexation et d'humiliation.

C'est un délire concentrique avec des thèmes de filiation et d'homosexualité.
Evolution:
Ces délires sont peu extensifs et la principale complication est la dépression avec tentative de suicide.
Sous traitement, la guérison est de règle.


B-LA PSYCHOSE HALLUCINATOIRE CHRONIQUE "PHC": Décrite par G. Ballet, il y a toujours une personnalité prémorbide. Il faut souligner le rôle des événements traumatiques et de l'isolement social.

Clinique:

Le début est brutal ou progressif. Sur un sentiment d'hostilité de l'environnement, vont apparaître des hallucinations auditives d'abord psychosensorielles (bourdonnement) puis des bruits très localisés (bruit de pas sur le plancher), des hallucinations cénesthésiques (sensibilité profonde et superficielle) et des hallucinations gustatives et olfactives (odeur agréable ou désagréable.) L'automatisme mental est constant ++++ (parasitage de la pensée avec échos, devinement, commentaires, etc.) Puis apparaît le syndrome d'influence (impression d'être influencé et guidé) pouvant entraîner des agressions physiques.

Evolution: Sous traitement, il y a extinction des phénomènes hallucinatoires, mais parfois un enkystement du délire (vie sociale adapt Sans traitement, l'évolution se fait vers ladétérioration et l'isolement social.


C-LA PARAPHRÉNIE: C'est une affection rare caractérisée par un délire à mécanisme imaginatif prévalant. Le délire prend l'aspect d'un fantasme évoluant parallèlement à une bonne adaptation sociale.

Formes:
1) La paraphrénie fantastique: Avec fantasme de toute puissance, à échelle cosmique, de grossesses par milliers et de familiarité avec les prophètes.
2) La paraphrénie cofabulante: Avec des fabulations s'enrichissant des films et des lectures d'actualité. Le thème central est l'héritage fabuleux.

Evolution:
Certains délires ont tendance à s'organiser autour d'un thème prévalant et s'appauvrissent avec le temps.
D'autres évoluent vers la dissociation schizophrénique.
Ces délires restent néanmoins sensibles aux NLP et aux psychothérapies.

V-TRAITEMENT : Chimiothérapie à base de Neuroleptique, dont les plus utilisés sont: Haldol®,Moditen ® et Largactil®, pour soulager l'angoisse et réduire le délire. Les NAP sont utilisés en cas de mauvaise compliance thérapeutique.
Psychothérapie, pour constituer un lien de parole et analyser les distorsions affectives et cognitives.

Sociothérapie, en agissant sur l'entourage familial et professionnel qui doit être informé des difficultés du patient et en favorisant l'intégration dans des ateliers protégés.

VI-CONCLUSION : La 1e difficulté devant un DC est d'emmener le malade en consultation. Les prises en charge de telles psychoses sont individuelles, familiales, sociales et institutionnelles.

0 comments :

Laisser un commentaire

Vous aimez, vous n'aimez pas ! Votre avis? Un point de vu? Une correction ou un ajout. Une contribution ou une proposition.. Vous êtes les bienvenus à vous exprimer librement. Vous avez à votre portée des simleys ;) Pour revenir à la page principale: cliquez ici: http://mehdi-mehdy.blogspot.com