L'ICTERE NÉONATAL
I-INTRODUCTION :
L'ictère néonatal est le plus souvent la conséquence d'une incompatibilité fœto-maternelle dans le système Rh. Cet ictère est essentiellement à Bilirubine indirecte (libre ou non-conjuguée) Qui, en s'accumulant dans l'organisme, sera responsable d'une encéphalopathie dite "ictère nucléaire", responsable de troubles neurologiques irréversibles et de surdité.
L'ictère représente de ce fait une urgence thérapeutique.
Il est d'autant plus grave qu'il est précoce, c à d survenant avant la 36eheure de la vie.
Il est dit prolongé lorsqu'il dure plus d'une semaine chez le nouveau-né à terme et plus de 3 semaines chez le prématuré.
II-METABOLISME DE LA BILIRUBINE :
- La Bilirubine provient de la dégradation de l'héme grâce à l'héme oxygénase, potentialisée par l'Adrénaline et le Glucagon (hormones secrétées lors d'un stress ou d'un jeun prolongé.)
- Cette Bilirubine libre est insoluble dans le plasma, donc ne peut être éliminée de l'organisme. Elle a en plus une affinité toxique pour les noyaux gris centraux où elle empêche les réactions d'oxydation aboutissant à l'asphyxie de la cellule.
- L'organisme va transporter cette Bilirubine sous 2 formes, soit libre ou toxique, soit liée à l'Albumine (qui possède 2 sites de fixation non-spécifiques pour la Bilirubine pouvant être défaits par l'acidose et l'hypoglycémie.)
- L'Albumine est dite "protéine de transport" et la liaison Bilirubine – Albumine est à fort poids moléculaire et ne peut donc pas traverser la barrière hémo-méningée.
- Au niveau du foie, la Bilirubine est captée par 2 protéines dites "protéines de transfert", la Y-Lygandine et la X. Elle est introduite dans l'hépatocyte où, sous l'action de la Glucuronyl transférase, elle se lie à 2 molécules d'acide glucuronique pour donner lediglucuronyl de Bilirubine ou Bilirubine conjuguée.
- La Bilirubine conjuguée est soluble dans l'eau et peut donc être éliminée de l'organisme par la bile dans le tube digestif où elle est transformée en Stercobilinogène et en Urobilinogène.
- Une partie de cette Bilirubine est réabsorbée dans le tube digestif et regagne le foie, c'est le cycle entéro-hépatique.
Les particularités du nouveau-né sont
-Une durée de vie des GR courte. - Une polyglobulie.
-Une légère tendance à l'hypoalbuminémie (surtout chez le prématuré.)
-Une tendance à l'hypoglycémie, donc à l'acidose perturbant l'action de la Glucuronyl transférase et sa synthèse (glycogène.)
-Le jeun qui favorise le cycle entéro-hépatique.
III-DIAGNOSTIC CLINIQUE : Le diagnostic est clinique, posé devant l'apparition de
1. Un ictère.
Il faut préciser -Sa localisation, cutanée ou cutanéo-muqueuse. - Son intensité. -L'heure du début (par rapport à la date de naissance.) -Les signes d'accompagnement, isolé ou associé à une anémie et une hépato-splénomégalie constituant la triade hémolytique.
Il faut également rechercher les signes d'infection et faire un examen neurologique à la recherche d'un ictère nucléaire.
L'ictère nucléaire ou encéphalopathie bilirubinique est une complication grave faite de 4 ordres de signes
1-Troubles du tonus à type d'hypertonie des extenseurs avec attitude en opisthotonos.
2-Anomalie du cri qui est monocorde.
3-Mouvements oculaires anormaux avec des yeux en couché de soleil.
4-Mouvements anormaux à type de reptation ou d'enroulement.
L'évolution de l'ictère nucléaire est grave, soit vers le décès, soit vers une survie avec de lourdes séquelles neuro-sensorielles (surdité.) Il faut compléter l'examen par la recherche de -L'age gestationnel.
- L'évolution pondérale in-utero (hypotrophie.)
-Les signes d'infection.
-Les antécédents familiaux d'ictère, d'handicaps psychomoteurs et de maladies hémolytiques néonatales.
-La prise médicamenteuse chez la mère et le nouveau-né risquant de détruire la liaison Albumine – Bilirubine (Sulfamides, Bristopen*, etc.)
IV-DIAGNOSTIC PARACLINIQUE :
A. Dosage de la Bilirubine: Confirme l'intensité de l'ictère. Il est répété toutes les 8Hrs pour évaluer la vitesse d'ascension de la Bilirubine qui, si sup à 5 mg/kg/mn, est un signe de gravité.
B. FNS: Evalue la gravité d'une anémie en montrant un taux d'hémoglobine inf à 12 g/l témoignant d'une hémolyse intense.
V-DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE :
A-L'ICTERE PHYSIOLOGIQUE DU NOUVEAU-NÉ : 8 à 20% des nouveau-nés à terme présentent un ictère dit physiologique vers le 2e ou le 3e jour de la vie. Il est isolé, d'intensité modérée et décroissant en même temps que les urines, blanches au début, deviennent colorées vers le 4e ou le 5e jour. Il disparaît totalement avant le 10e jour. Pour affirmer un ictère physiologique, il faut qu'il ne soit ni précoce, ni prolongé et la recherche d'une cause pathologique soit négative.
B-L'ICTERE DU PRÉMATURÉ : Très fréquent, en rapport avec l'immaturité du système de glucuro-conjugaison. Il est favorisé par l'hypoalbuminémie, l'hypoglycémie, l'hypothermie et l'acidose. L'ictère nucléaire est donc particulièrement fréquent, surtout que la barrière hémo-méningée est également immature.
C-LES ICTERES HEMOLYTIQUES : Sont en rapport avec une hémolyse. L'ictère est précoce, apparaissant généralement les 1ers jours de la vie. Lorsque l'hémolyse est importante, elle s'accompagne d'une anémie et d'une hépato-splénomégalie constituant la triade hémolytique. Lorsque l'anémie est importante, elle peut s'accompagner d'œdèmes et d'épanchement des séreuses. L'hémolyse peut être de nature
1-Immunologique: Par incompatibilité fœto-maternelle dans le système Rh, ABO ou dans les 4 groupes.
2-Constitutionnelle: Au cours des anémies hémolytiques congénitales, surtout des anomalies enzymatiques.
3-Secondaire aux infections: Notamment aux Gram(–) et au Staphylocoque qui secrètent des toxines hémolysantes. Le tableau est grave et l'ictère fait partie de la forme septicémique.
4-In-situ: La résorption des hématies et/ou des hémorragies internes aboutit à un ictère parfois important, souvent révélateur de l'hémorragie.
D-LES ICTERES PAR ANOMALIE DU MÉTABOLISME BILIRUBINIQUE :
1-La maladie de Crigler Najjar: Rare, touchant 1 nouveau-né/100.000, elle est en rapport avec l'absence de glucuronyl transférase. L'ictère est très précoce et la Bilirubine ne peut être éliminée que par photothérapie et exsanguino-transfusion. On lui décrit 2 types transmis selon le mode autosomique récessif ™ Le type 1: Absence totale de glucuronyl transférase. ™ Le type 2: Baisse très importante de l'activité de la glucuronyl transférase.
2-L'ictère au lait maternel: Touchant 1 à 3% des nouveau-nés, il apparaît au 5e ou 6e jour, persiste tant que dure l'allaitement maternel et disparaît 3 à 4 jours après l'arrêt de celui-ci. Il est dû à une substance dite 3α 20β Prégnandiole, présente dans le lait maternel, qui inhibe l'action de la glucuronyl transférase. Elle est détruite après chauffage au bain-marie à 56°C. L'ictère n'est pas grave et il est toléré tant qu'il est modéré devant les avantages du lait maternel.
3-