mercredi 19 janvier 2000

DIAGNOSTIC DE LA MORT - COURS: MEDECINE LEGALE

DIAGNOSTIC DE LA MORT


I- LA LEVÉE DE CORPS :
La découverte d'un cadavre doit obligatoirement faire alerter la police judiciaire. Celle-ci doit elle-même faire appel à une personne qualifiée, en l'occurrence un médecin, pour procéder à un examen clinique afin d'ouvrir une information judiciaire qui spécifie les circonstances du décès. C'est la levée de corps.

Ainsi, la levée de corps définie les constatations premières, la description soigneuse de l'état du cadavre et les différents prélèvements faits sur place et en place (position, blessures, vêtements, environnements, etc.) La levée de corps se fait par écrit par la police judiciaire, sur réquisition et le médecin devra être sous surveillance du service qui a fait appel à lui. La finalité de la levée de corps est la délivrance d'un certificat de constat de décès.


II- DIAGNOSTIC DE LA MORT:
La mort est l'arrêt complet et définitif des fonctions vitales d'un organisme vivant, avec disparition de sa cohérence fonctionnelle et notamment de l'activité électrique cérébrale avec destruction progressive de ses unités tissulaires et cellulaires jusqu'à leur transformation en poussière.
Il existe 3 phases de la mort:
A- La mort apparente ou relative (réversible.)
B- La mort clinique ou transitoire.
C- La mort organique ou absolue: Etape ultime, diagnostiquées devant:

Les signes précoces ou signes négatifs de la vie, notamment:
→ L'arrêt cardiaque, diagnostiqué par: Le pouls et l'auscultation: Absence de battements cardiaques. L'angiographie cérébrale: Absence d'opacification des vaisseaux cérébraux.  La méthode d'Icard: Absence de coloration jaune des conjonctives, 15 à 20 mn après injection sous-cutanée de Fluorescéine ammoniacal. L'artériotomie sélective: Absence de giclement du sang.
→ L'arrêt respiratoire, diagnostiqué par: L'auscultation = Absence de bruits respiratoires.
→ L'arrêt neurologique, diagnostiqué par: L'examen neurologique = Relâchement sphinctérien avec mydriase et abolition des réflexes. L'EEG: Tracé plat et L'angiographie cérébrale. 

Les signes tardifs ou signes positifs de la mort ou phénomènes cadavériques, notamment:
1-Le refroidissement: C'est la chute de la température centrale jusqu'à équilibre avec la température ambiante. Théoriquement, la chute est de 1°c / hr. Elle permet alors d'estimer l'heure du décès. Elle est cependant très peu fiable.
2- La rigidité cadavérique: C'est le durcissement musculaire (par accrochage entre les filaments d'actine et de myosine dû au manque d'énergie.) Cette rigidité est soit brutale, par sidération sous une action brutale ou une décapitation, soit progressive et s'installe alors à partir de la 3e hr pour se généraliser vers la 13e hr. Théoriquement, Cette rigidité est reproductible jusqu'à la 8e hr. Elle permet d'estimer l'heure du décès et de déceler d'éventuelles manipulations du cadavre. Le diagnostic différentiel se pose avec le Tétanos.
Lividités cadavériques
Des lividités cadavériques
3- Les lividités: Ce sont des taches rose ou violacées au niveau des régions déclives, respectant les zones de pression (dues à la transsudation du sang des vaisseaux vers le tissus sous-cutanés sous l'action de la pesanteur.) Elles se forment à partir de la 3e et la 5e hr jusqu'à la 30e hr. Elles permettent d'estimer l'heure du décès, de déceler d'éventuelles manipulations et parfois d'orienter vers les circonstances du décès. Le diagnostic différentiel se pose avec les ecchymoses, les taches de putréfaction.
4- La déshydratation: Théoriquement, la perte est de 1 kg / 24hrs. Elle entraîne des modifications oculaires (disparition de la brillance de la cornée et affaissement des globes oculaires) et le parchemin du derme (dure tel du carton), théoriquement, si celui-ci est parsemé de piquetés hémorragiques, les lésions sont anté-mortem et s'il est jaune sans piquetés, les lésions sont postmortem. Ces piquetés peuvent se former jusqu'à 2 hrs après la mort
5- La putréfaction: C'est le signe absolu et constant de la mort. Son apparition entraîne la disparition de la rigidité. Elle apparaît lors des variations de la température. Elle débute souvent au niveau de la fosse iliaque droite car celle-ci est richement vascularisée et renferme une flore microbienne importante.


III-LA DATATION DE LA MORT
Outre les phénomènes cadavériques (refroidissement, rigidité cadavérique, lividités, déshydratation et putréfaction), il existe d'autres moyens pour estimer l'heure de la mort, à savoir
● Dosage du Na et K dans l'humeur vitrée: C'est le plus précis, il permet une estimation à 30 mn prés. 
● Mesure de la longueur du poil de barbe: Si l'on connaît la date du dernier rasage. La croissance du poil se fait à 1 mm/24hrs. C'est un moyen très peu fiable. 
● Examen histologique des ovaires: Si l'on connaît la date des dernières règles de la ♀. La couleur peut aider à estimer l'heure du décès. 
● Examen du contenu gastrique: Si l'on connaît la date du dernier repas, l'état de digestion des aliments peut aider à estimer l'heure du décès. C'est également un moyen très peu fiable. 
● Examen du contenu de la vessie.
Autres méthode pour les cadavres purifiés:
 
● Dosage du complément C3 dans la synoviale: Permet une estimation de la date du décès jusqu'à 2 mois auparavant. 
● Dosage de la LDH dans le tissu cardiaque: Permet une estimation de la date du décès jusqu'à 6 mois auparavant. 
● Le dosage au C14: Permet une estimation de la date de décès jusqu'à plusieurs années auparavant.

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